Les fontaines publiques de Paris
Une quinzaine d’années m’ont été nécessaires pour travailler sur les fontaines publiques de Paris. C’est un terrain difficile pour de nombreuses raisons mais j’ai poursuivi mes rêves : notamment franchir des grilles le soir venu, être témoin de l’autre vie des fontaines dans les jardins une fois les allées désertées et revenues au silence.
Je suis entré dans leur danse. L’oreille indiscrète, amusé, ravi, j’ai écouté leur sempiternel et nocturne bavardage. J’ai longtemps cherché un ciel debusséen s’accordant à la fontaine évoquant le grand compositeur et je l’ai trouvé un matin tôt alors que le ciel quittait son manteau de nuit. J’étais là quand une Vénus s’éveillait, encore ruisselante de ses rêves, je m’arrêtais à la fontaine des Innocents au moment où elle revêt son plus bel habit de lumière. Dans l’hiver sauvage, quand dans le soir en feu le soleil creusait la glace, dévoilant une vie palpitante sous cette gangue qui cédait non sans résistance, j’étais là : des femmes nues faisaient une ronde et malgré le vent mordant, je pouvais croire à un prochain printemps.
Partir fourre-tout à l’épaule, pied-photo à la main, revenir le ventre vide, ivre des images vues, encore inconnues, sentir le poids du trésor ramené comme on tire sur la grève au matin le lourd filet plein de ce que l’on espère et qui reste à découvrir.
15 ans de travail ont été nécessaires pour explorer ce monde des fontaines publiques de Paris. Une édition serait possible, autant qu’un éditeur de qualité se déclarerait intéressé qu’un ou une auteur me rejoigne.